PAROLE D’EXPERT : IoT : quels enjeux ?

Par Stéphanie Lebrun, Consultante senior CG2 Conseil

L’IoT ou Internet des objets est un système dans lequel des objets sont connectés à Internet, échangeant des informations dont l’analyse et l’exploitation permettent de développer des services innovants.

Des milliards d’objets sont déjà connectés à Internet et l’IoT ouvre de nouvelles perspectives dans des secteurs variés. De la domotique à la santé, de la production industrielle à la gestion immobilière, les bénéfices attendus sont nombreux : automatisation des processus, baisse des coûts, amélioration de la sécurité, développement de la maintenance préventive….

 

Derrière les promesses de l’IoT se cachent des défis à relever pour qui envisage de se lancer.

 

Travailler ensemble pour créer de la valeur

La valeur générée par l’IoT repose sur l’exploitation des données collectées par le biais d’objets connectés. Les métiers jouent alors un rôle primordial puisque ce sont eux qui imaginent le service de demain, celui qui apportera de la valeur à l’entreprise : optimiser les flux d’approvisionnements en analysant le parcours des biens dans la chaîne de distribution, proposer des services de commande à distance d’équipements (chauffage, éclairage) d’un immeuble de bureaux  …

C’est le service qui permet de définir les données que l’on souhaite collecter, les modes de collecte et d’analyse.

Plus que jamais, les équipes métiers et IT doivent travailler ensemble sur la chaîne de valeur pour éviter les ruptures et s’assurer que le bon service sera délivré au bon moment, aux bons utilisateurs.

Cela suppose de constituer une équipe projet pluridisciplinaire dès le début du projet, qui travaillera de manière itérative afin d’ajuster en permanence la réalisation autour de la valeur. Pour cela les méthodes agiles sont particulièrement efficaces.

 

Elargir son territoire

L’architecture IoT est constituée principalement des objets connectés eux-mêmes, du réseau d’échange de données et d’une plateforme de stockage et de traitement des données.

L’objet connecté constitue le point de départ. Quel objet choisir ?  Faut-il équiper de capteurs un objet déjà existant, faire fabriquer des objets connectés ? Et pourquoi pas capitaliser sur sa marque pour fabriquer ses propres objets connectés ? Les montres ou équipements de sport, par exemple, font partie du quotidien des consommateurs. Les rendre connectés pour offrir aux sportifs un suivi de leurs habitudes sportives permet d’ajouter un service à un équipement déjà familier. Mais développer un objet connecté suppose de repenser le produit, et le modèle économique qui l’accompagne.

 

Maîtriser les données

A l’autre bout, les plateformes du Cloud se sont positionnées sur l’IoT car elles sont en mesure de traiter le Big data : recueillir, normer, stocker et traiter des volumes importants de données, à grande vitesse. Cependant, le choix de l’architecture et des solutions est étroitement lié aux modes de traitement des données. Pour délivrer le service attendu, les données doivent-elles être analysées en temps réel ou en différé ? Quels axes d’analyse choisir ? L’IoT peut supposer de croiser des données provenant de différentes sources, ou de coupler leur analyse avec de l’intelligence artificielle ; par exemple, les données de fréquentation d’un immeuble croisées avec les données météo permettront de moduler les flux de chauffage. La donnée est au cœur de la valeur, la qualité des données et la fiabilité des analyses sont primordiales et requièrent des expertises spécifiques.

Préserver son budget … et la planète

Au-delà du coût de mise en œuvre, le volume des données et leur augmentation doivent faire l’objet d’une estimation réaliste afin de prévoir les coûts de traitement. Si le coût unitaire de collecte et de stockage dans le Cloud semble négligeable, le coût global peut vite devenir considérable une fois multiplié par des centaines de milliers de données, par exemple, si l’on considère le nombre de visiteurs empruntant l’escalier mécanique d’un centre commercial, par jour, par mois puis par an.

Inutile donc de recueillir ou de stocker des données superflues, surtout lorsque les impacts environnementaux liés au numérique sont pointés du doigt. Dans la lignée du Green IT, l’Institut du Numérique Responsable, collectif d’entreprises, collectivités et associations, travaille à évaluer l’impact écologique du numérique et à favoriser le numérique responsable. Lorsqu’il s’agit d’IoT, la pollution générée par la fabrication et le recyclage des objets connectés, la consommation énergétique des objets et des serveurs font l’objet d’analyses pour identifier comment maîtriser les impacts sur toute la chaîne.

 

Changer de point de vue sur la maintenance

L’architecture doit être scalable rapidement afin de faire face à une variation du volume de données ou une évolution du service.  Les modes d’hébergement des données dans le Cloud bousculent déjà les modèles traditionnels et la relation avec les fournisseursAvec l’IoT, les DSI doivent également se familiariser avec de nouveaux types de fournisseurs, dans un paysage hétérogène et encore peu intégré. Pour cela, les Directions des systèmes d’information ont tout intérêt à gagner en agilité, quitte à repenser leur organisation pour optimiser la coopération entre les équipes en se tournant vers des organisations de type DevOps.

 

Mettre plus que jamais la sécurité au cœur du système

Enfin, la question de la sécurité et de la confidentialité des données est critique. Elle repose sur la capacité des entreprises et des DSI à évaluer les risques, et sur la mise en place de règles strictes sur toute la chaîne. Avec l’IoT, des objets du quotidien deviennent porteurs de données, et en particulier de données personnelles, qui peuvent être la cible d’attaques.  Cela devient particulièrement critique lorsqu’il s’agit de données liées à la santé, dans des dispositifs permettant la surveillance à distance.

Ainsi l’IoT est bien davantage qu’une nouvelle brique dans le système d’information. Il interroge la maturité de l’organisation sur le plan digital et sa capacité à se transformer : se ré-organiser en mode agile, repenser les relations avec ses fournisseurs et partenaires, explorer de nouveaux marchés, innover tout en respectant l’environnement.